Les premiers pas d'Honoré

Quarante ans d'histoire
Quarante ans après la naissance d’Honoré, Ingrid Giribone nous ouvre les portes d’une histoire familiale hors du commun. Une maison baignée de soleil, rythmée par le ronron des machines à coudre, peuplée de tissus, de patrons et d’idées en pagaille. Elle revient sur l’histoire de la marque crée par sa maman, Annick Lestrohan, sur ses origines, son passage de la mode à la décoration, et sur cette transmission qui, au fil des ans, a façonné l’âme d’Honoré.

"Ici sur l'escalier qui monte rue neuve Ste Catherine, Marianne la copine de maman qui photographie Clio, Lisa, Antoine Edouard, Bip bop le chien et moi. Photo de droite, shooting sous 40° avec des pulls et chaussettes en laine avec Edouard, Toto, Elsa, Camille, Antoine, Lola et moi"
Ingrid, pouvez-vous nous raconter la naissance d’Honoré ?
Honoré, c’est avant tout l’histoire de ma mère, son 6eme bébé. Elle a lancé la marque au début des années 80 avec une première collection de vêtements pour enfants, des pièces simples, joyeuses, à l’image de la vie qu’elle imaginait.
Chez nous, Honoré n’a jamais été une “marque” au sens classique. C’était notre maison, notre quotidien, notre vestiaire. Elle habillait ses cinq enfants Stéphanie, Elsa, Edouard, Antoine et moi avec ses créations. Elle avait même pensé appeler la marque STEZAGRIDOUAN, en combinant nos prénoms… mais disons que ça ne sonnait pas très bien !

D’où lui venait cette passion de créer ?
Depuis toute petite, elle adorait habiller ses poupées. C’était presque écrit. Elle avait cette capacité à inventer un univers à sa manière : libre, un peu bohème, toujours élégant. Honoré est né de ça : d’un jeu d’enfant devenu un projet de vie.
Et vous, à quel moment avez-vous rejoint l’aventure ?
Un peu plus tard, en 1995. J’avais commencé des études d’architecture, que je n’ai jamais terminées… L’école et moi, on n’était pas vraiment faites l’une pour l’autre. Ma mère m’a proposé de venir travailler avec elle. J’ai dit “pourquoi pas” et j’ai appris, mais pas à l’école : à l’atelier, à l’ancienne.

"La combinaison en toile de bâche, une pièce culte de chez Honoré. Mon petit frère Antoine l’a portée à toutes les sauces. Un printemps, ma mère l’a même habillé avec pour aller skier : gros pull irlandais, chaussettes en laine, et cette combinaison en toile de bâche. Il n’y avait qu’elle pour imaginer ça… et que ça fonctionne."
Qu’est-ce qu’elle vous a transmis ?
Elle n’expliquait pas. Elle montrait. Il suffisait de la regarder. C’est comme ça que j’ai appris, son œil, son instinct, son goût du mélange. Elle m’a transmis sa liberté, cette manière de ne jamais faire comme les autres sans chercher à être différente.
40 ans plus tard, qu’est-ce que vous célébrez vraiment ?
Une vie de création, de transmission, de désordre joyeux. Une aventure artisanale et profondément humaine. Une histoire de femmes, surtout. Et d’amour.

"La veste Inuit est née de son attrait pour ces pièces qui ont une âme, qui racontent une histoire. Un jour, en imaginant une collection aux accents ethniques, elle a tout de suite pensé aux peuples autochtones, à leurs enfants emmitouflés dans de grands manteaux, les joues toutes roses. Sur la photo, c’est Nour qui porte le burnous Inuit, avec sa capuche bordée d’une fourrure longue, presque sauvage."
À quel moment Honoré a-t-elle pris un tournant vers la décoration ?
C’était au début des années 2000. On avait envie de nouveaux territoires. J’étais attirée par la décoration, sûrement l’écho de mes études d’architecture, même inachevées. Et ma mère, fidèle à elle-même, avait besoin de mouvement. Alors elle a imaginé des objets, puis des meubles, des luminaires… toujours avec la même exigence artisanale.
Comment décririez vous l’univers d’Honoré aujourd’hui ?
C’est une atmosphère avant tout. Solaire, artisanale, un peu rêveuse toujours simple et vraie. Honoré c’est une aventure de famille, une histoire de transmission. Chaque objet, chaque matière porte en lui un fragment de cette histoire : un souffle du Sud, une trace d’enfance, une idée de liberté.
